Produits sucrés : pas de nouvelle taxe à l’horizon
Si le gouvernement soutient un renforcement de la « taxe soda », il s’est prononcé, lors de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, contre l’instauration d’une nouvelle taxe sur le sucre ajouté dans les aliments manufacturés.
Instaurée depuis 2012, et amplement réformée en 2018 pour introduire une plus grande progressivité, la « taxe soda », qui a généré 456 millions d’euros de recettes budgétaires en 2022, s’avère finalement peu efficace, dans sa forme actuelle, sur le plan de la santé. Selon un article récent du journal Le Monde, plusieurs études ont conclu qu’elle avait peu d’effets sur les comportements des consommateurs, et qu’elle n’avait pas suffisamment incité les industriels à réduire les teneurs en sucres de leurs produits, pourtant son principal objectif. Avec ses 16 paliers et son barème au gramme de sucre près, elle s’avère trop complexe et trop linéaire, quand la taxe équivalente au Royaume-Uni ne comporte que deux seuils. Pourtant, une quarantaine de pays ont pris des initiatives fiscales ces dernières années, principalement en instaurant des taxes sur les boissons sucrées. Celles-ci sont plus acceptables socialement, car elles ciblent des produits non essentiels aux apports nutritifs, qui peuvent être facilement substitués par des boissons non sucrées.
« Faciliter l’accès aux produits bons pour la santé »
Taxe : attention à l’effet “punition”
L’OMS cite fréquemment l’exemple du Mexique, qui fait figure de pionnier de la fiscalité nutritionnelle. En 2014, le pays a mis en place deux taxes, l’une sur les boissons sucrées, l’autre sur les aliments « non essentiels » très caloriques. Si la taxe a eu un impact quasi immédiat sur les ventes, avec une baisse des achats de boissons sucrées de 10 % dans les deux premières années, et de 7 % pour les aliments non essentiels, l’effet de long terme reste à nuancer, et ces taxes n’ont pas suffi à enrayer la progression de l’obésité et du surpoids, qui touche sept adultes sur dix dans le pays. « Oui, les politiques de prix ont un effet, car en moyenne le prix reste le premier critère d’achat pour les consommateurs, constate Mathilde Touvier, épidémiologiste de la nutrition et directrice de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale. Et de nuancer : « Mais ce n’est pas le seul levier. L’essentiel est de banaliser et faciliter l’accès aux produits bons pour la santé. Si on augmente les taxes d’un côté mais qu’on ne rend pas plus accessibles d’autres produits plus sains, cela risque d’être vu comme une punition. »
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