Micronutriments et maladie cœliaque
La personne cœliaque peut présenter des carences sur certains nutriments (fer, calcium, magnésium, etc.). Réorientation alimentaire et/ou supplémentation peuvent alors être nécessaires.

Pour rappel, la maladie cœliaque est une réaction immunitaire à la consommation de gluten, cette dernière déclenchant une réaction immunitaire dans l’intestin grêle. Selon des données récentes, le taux de prévalence de la maladie est de 1 sur 141 personnes et sa prévalence est en hausse ces cinquante dernières années. De récentes études suggèrent que la présentation de la maladie cœliaque a elle aussi évolué, avec l’apparition de symptômes non classiques, et notamment de sérieuses carences sur certains micronutriments comme la vitamine D, le fer, l’acide folique, la vitamine B12, le zinc, le cuivre, etc.
Maladie cœliaque et carence en micronutriments
L’une de ces études, réalisée par une équipe de chercheurs de la Clinique Mayo*, confirme que les carences en micronutriments sont courantes au moment du diagnostic de la maladie cœliaque. Les principales carences observées sont les suivantes : fer, calcium, magnésium, vitamine D, zinc, folate, niacine, vitamine B12, riboflavine, calories/protéines et fibres. Des carences en folate, niacine et vitamine B12 peuvent également survenir après une alimentation à long terme sans gluten.
Cette étude rétrospective menée auprès de 309 patients adultes nouvellement diagnostiqués révèle que la fréquence des carences en micronutriments est élevée. C’est plus particulièrement le cas de la carence en zinc, observée chez 59,4 % des participants à l’étude. Les autres carences diagnostiquées concernent le fer, la vitamine D, le cuivre, la vitamine B12 et les folates. Les conclusions de l’étude expliquent que ces carences sont principalement dues à la malabsorption intestinale inhérente à la maladie cœliaque. En effet, cette maladie auto-immune provoque une inflammation de l’intestin grêle avec une disparition progressive des villosités intestinales. Or ce sont ces replis de la muqueuse qui permettent d’augmenter la surface d’absorption des nutriments. Ainsi, selon le degré d’évolution de la maladie, et donc l’état des villosités, l’absorption des nutriments est plus ou moins réduite.
Quelle stratégie adopter pour corriger les carences ?
Corriger ces carences fait partie de la prise en charge de la maladie. Celles-ci ont en effet non seulement des conséquences sur la santé mais semblent également impliquées dans le développement de la pathologie. Le recours aux compléments alimentaires est nécessaire dans un premier temps. En effet, suite au diagnostic de carence(s), la priorité du médecin est de faire remonter rapidement le taux de présence de chaque nutriment dans l’organisme pour améliorer l’état de santé du patient. Il prescrira ainsi les compléments les plus adaptés à la situation. il est particulièrement conseillé de commencer par des suppléments personnalisés. Les études tendent en effet à montrer que chaque cœliaque présente des carences spécifiques en matière de micronutriments. Il est ainsi indispensable d’évaluer le taux sanguin initial pour déterminer le bon dosage de supplémentation et de répéter les examens pour maintenir les valeurs sous contrôle.
Dans un second temps, une réorientation alimentaire peut être engagée. Certains aliments sont particulièrement conseillés pour leurs apports en micronutriments. C’est le cas des abats, des œufs, des poissons et des fruits de mer, mais également de certains végétaux comme les légumes verts, les choux, les graines oléagineuses (amande, noisette, noix, etc.) ou encore les algues comme la spiruline qui s’avère particulièrement intéressante. Cette dernière regorge en effet de fer et contient des teneurs non négligeables en calcium, magnésium et vitamines (A, E, B12).
Mixer supplémentation et réorientation alimentaire
Pour aider les patients à réduire les carences en minéraux (calcium, phosphore, sodium, potassium, chlorure et magnésium) et en oligo-éléments (fer, zinc et sélénium), il est important de leur conseiller d’introduire dans leurs habitudes alimentaires des pseudo-céréales**, dont la teneur en micronutriments peut être deux fois plus élevée que dans d’autres céréales. Quoi qu’il en soit, de nombreuses questions restent sans réponse concernant les causes et les mécanismes qui conduisent à ces carences nutritionnelles. Des études plus approfondies sont absolument nécessaires pour une compréhension détaillée de ce sujet.
En attendant, le seul traitement de la maladie cœliaque reste et demeure l’observance d’un régime sans gluten strict. Il permet, dans l’immense majorité des cas, une repousse villositaire intégrale au bout d’une année. Le confort digestif est amélioré, l’absorption intestinale redevient satisfaisante et les carences disparaissent. Les compléments alimentaires peuvent alors être arrêtés.
* La Mayo Clinic est un groupe hospitalo-universitaire de recherche. De réputation mondiale, son siège se trouve à Rochester, dans le Minnesota, aux États-Unis.
** Les pseudo-céréales sont des plantes dicotylédones dont on conserve et consomme les graines plus ou moins à la manière des céréales. Les plus connues sont le quinoa, l’amarante, ou encore le millet ou le boulgour.
Les pseudo-céréales sont particulièrement intéressantes pour les personnes allergiques, car elles ne contiennent pas de gluten et peuvent donc être consommées par les personnes atteintes de la maladie cœliaque. Elles sont par ailleurs riches en nutriments donc très saines. Elles sont par exemple sources de minéraux, de vitamines, de glucides complexes et de fibres. Enfin, elles sont également riches en protéines végétales et contiennent beaucoup d’acides gras polyinsaturés.
La plus connue des pseudo-céréales est sans nul doute le quinoa. Non seulement sans gluten, il est aussi particulièrement riche en nutriments. Il contient une forte concentration de minéraux tels que le manganèse et le cuivre, qui protègent les globules rouges, ainsi que du magnésium, qui est considéré comme efficace contre la migraine. Le quinoa est en outre riche en protéines végétales et en fibres saines. Il contient les neuf acides aminés essentiels, dont une quantité considérable de lysine, qui renforce les tissus musculaires et conjonctifs et peut inhiber la croissance des cellules cancéreuses. Moins populaire que le quinoa, le sarrasin offre lui aussi de nombreux bienfaits nutritionnels. Contrairement au “véritable” blé, qui contient des lectines qui peuvent augmenter le risque de thrombose, d’accident vasculaire cérébral et d’infarctus du myocarde, le sarrasin n’en contient pas. À la place, il contient du chiro-inositol, qui régule le taux de sucre dans le sang et est particulièrement bénéfique pour les diabétiques ou les personnes ayant un taux élevé de sucre dans le sang.