Un nouveau modèle statistique d’antibiorésistance

Grâce à une analyse spacio-temporelle de grande ampleur, des scientifiques de l’Institut Pasteur, de l’Inserm et des universités de Paris-Saclay et St-Quentin-en-Yvelines ont développé un modèle statistique qui permette de mieux comprendre les principaux déterminant de la dynamique mondiale de la résistance aux antibiotiques. L’étude est publiée dans « The Lancet Planetary Health ».

Par Laurent Feneau, publié le 21 juillet 2023

Un nouveau modèle statistique d’antibiorésistance

L’antibiorésistance est un phénomène naturel que le mauvais usage des antibiotiques renforce et complexifie. Un dispositif de surveillance mondiale est en place afin d’en comprendre les mécanismes et de la contrer. Toutefois, manquait une vue d’ensemble au niveau de la pluralité des populations et des différents pays du monde. C’est chose faite avec l’équipe de recherche pluridisciplinaire réunie autour de l’Institut pasteur.

Une grande diversité de déterminants

Celle-ci a, dans un premier temps, référencé 11 principaux facteurs pouvant influer sur les dynamiques d’antibiorésistance, pouvant appartenir aux champs socio-économique, climatique, etc. Sur cette base, l’analyse des données au niveau mondial a révélé une augmentation de la résistance aux carbapénèmes chez plusieurs espèces, mais aussi que les dynamiques et les facteurs associés à l’antibiorésistance sont dépendants des combinaisons bactéries-antibiotiques. Par ailleurs, la bonne qualité du système de santé d’un pays est associée à de faibles niveaux d’antibiorésistance chez toutes les bactéries à Gram négatif testées. Les températures élevées sont, elles, associées à des forts niveaux d’antibiorésistance mais chez les Entérobactéries uniquement. Résultat, il apparaît que cette approche est précieuse, compte tenu de la «diversité des déterminants conduisant à l’antibiorésistance de différentes bactéries pathogènes au niveau mondial, et la nécessité d’adapter les approches de contrôle de la résistance au contexte local », selon Philippe Glaser*, principal co-auteur de l’étude.

* Philippe Glaser est responsable de l’unité Écologie et évolution de la résistance aux antibiotiques à l’Institut Pasteur

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