Retour du scorbut et précarité alimentaire : un lien de cause à effet ?

En dix ans, 888 enfants ont été diagnostiqués d’une carence sévère en vitamine C et de scorbut, un phénomène en accélération depuis 2020, selon une étude publiée dans The Lancet et Le Monde.

Par Laurent Feneau, publié le 09 janvier 2025

Retour du scorbut et précarité alimentaire : un lien de cause à effet ?

Le scorbut fait son retour en France, où de plus en plus de pédiatres alertent sur des cas, certes rares mais surprenants, de cette carence sévère en acide ascorbique, la précieuse vitamine C. Une équipe de chercheurs français, pour la plupart rattachés à l’hôpital pédiatrique Robert-Debré, à Paris, a pour la première fois analysé cette tendance en France. Constatant une accélération à partir de 2020, les auteurs ont établi une corrélation significative avec la hausse de l’indice des prix à la consommation. « Corrélation ne vaut pas causalité, mais nous avons un faisceau d’arguments montrant que la hausse des cas de scorbut coïncide avec l’inflation post-Covid-19 », souligne Ulrich Meinzer, professeur de pédiatrie à l’hôpital Robert-Debré et à l’université Paris-Cité, également coordinateur de l’étude.

Les populations défavorisées sont les plus exposées

Parmi les cas de scorbut, les chercheurs relèvent également une part plus importante de patients bénéficiant de la complémentaire santé solidaire, utilisée comme indicateur d’un faible statut socio-économique. « La hausse du scorbut est un symbole de l’augmentation de la précarité alimentaire, définie à la fois comme un manque d’accès à de la nourriture de qualité et à l’éducation à une alimentation saine », insiste le pédiatre, rappelant que les publics défavorisés sont les plus exposés à la malbouffe et à la nourriture ultratransformée. Mais les données recueillies dans la base PMSI ne sont peut-être que le sommet de l’iceberg. Dans le cadre de sa thèse soumise en 2022, Julie Barthelet a étudié, à partir des données de laboratoire de Nîmes et Montpellier, les cas pédiatriques de carence sévère en vitamine C entre 2014 et 2021. Sur la cinquantaine recensés, un tiers des enfants n’avaient pas de signe clinique.

Lire l’article dans son intégralité ici.

Dans la même rubrique
cognitif
  • À la une
  • Actualités
  • Recherche - Science