Néophobie alimentaire chez l’enfant : état des lieux
La néophobie alimentaire peut avoir des impacts importants sur la qualité de l’alimentation des enfants.
Une étude* fait le point sur l’état des connaissances concernant la néophobie alimentaire chez l’enfant, en examinant particulièrement ses déterminants et les stratégies qui peuvent être utilisées pour surmonter les réactions néophobes. Les auteurs mettent tout d’abord en avant le fait que la néophobie (et/ou le caractère difficile) est associée à un apport alimentaire suboptimal qui pourrait entraîner une insuffisance pondérale et affecter la croissance.
Des facteurs macrosociaux
Concernant les influences psychosociales sur la néophobie, l’étude met en lumière l’importance de la sphère microsociale en pointant l’effet de « facilitation sociale » qui pourrait s’avérer être un des leviers pour stimuler l’acceptation d’aliments nouveaux par les plus petits, par mimétisme ou exemplarité. La néophobie est aussi sous l’influence de facteurs macrosociaux, notamment socioéconomiques. En effet, les parents à faible niveau de revenu peuvent parfois minimiser le risque de gaspillage alimentaire en achetant ce que leurs enfants apprécient déjà, en particulier des aliments riches en calories et pauvres en nutriments. Le style éducatif en matière d’alimentation jouerait aussi un rôle dans le développement de la néophobie : les styles « permissif » (cadrage faible de l’enfant et réceptivité forte au comportement de l’enfant) et « autoritaire » (cadrage fort et réceptivité faible) sont en effet significativement associés aux comportements néophobes, difficiles et sélectifs. Le style « démocratique » qui se traduit par des règles plutôt souples, adaptées et expliquées à l’enfant aurait quant à lui un effet plutôt positif.
En conclusion, les auteurs mettent en avant l’importance de mieux comprendre les déterminants de la néophobie alimentaire chez l’enfant, afin d’aider les parents et les éducateurs dans l’appréhension de cette étape de l’enfance. Des recherches sont encore nécessaires, par exemple pour examiner l’effet des différents environnements culturels sur l’intensité et l’expression de ce trait de tempérament au cours du développement.
* NICKLAUS, S. & MONNERY-PATRIS, S. Comment la néophobie alimentaire affecte-t-elle l’alimentation de l’enfant ? Origine, développement et conséquences pratiques pour les parents et les éducateurs. Cahiers de nutrition et de diététique, 2024, doi: 10.1016/j.cnd.2023.12.003.