Allier sobriété et plaisir

Dans une récente publication en ligne, la professeure Valérie Hémar-Nicolas* rappelle que l’alimentation représente 25% de l’empreinte carbone d’un Français, chiffre considérable, dans un contexte où le bien manger intègre la notion de durabilité. D’où la nécessité pour l’universitaire de réfléchir sur la notion de sobriété alimentaire, laquelle peut se traduire par des modes d’approvisionnement, des produits à faible empreinte carbone, la réduction des emballages, mais également la réduction du régime calorique. Toute la question étant pour elle de savoir dans quelle mesure ces différents facteurs sont compatibles avec l’idée que le consommateur se fait du « bien-manger », sachant que le plaisir reste encore souvent lié à une surconsommation calorique, soit le contraire de la sobriété !

Abondance et immédiateté

C’est donc le postulat de son étude « de rendre désirable la sobriété alimentaire en la conciliant avec l’idée de plaisir ». Même si cela suppose de ne plus fonder ce plaisir sur l’abondance et l’immédiateté mais au contraire sur la modération. Et pour ce faire, elle fait appel au grand spécialiste du plaisir, Epicure lui-même, dont l’éthique « suggère que « bien-manger » résulte d’une quête de plaisir fondée sur l’apprentissage d’une modération prenant la forme d’une sorte de calcul des plaisirs et aboutissant à un arbitrage entre les besoins en fonction du plaisir procuré ». Ce qui, bien-sûr, requiert patience et expérience au niveau individuel puis collectif. Car la connaissance ne suffit pas, l’action concrète et le fait d’y trouver du plaisir sont essentiels au succès de la démarche.

* Valérie Hémar-Nicolas est professeure des universités en sciences de gestion et du management – Consommation alimentaire et durabilité, à l’Université Paris-Saclay

https://theconversation.com/la-sobriete-alimentaire-une-quete-de-plaisir-epicurien-207512